Après la fermeture définitive de l’usine AGFA-GEVAERT en 2020 et ses 175 emplois perdus, le site entame une nouvelle vie avec l’aménagement du siège de la Communauté de communes Pévèle Carembault dans les anciens bureaux et appartements. 

Nous vous proposons un retour sur l’histoire du site...

L’entreprise AGFA-Gevaert

L’histoire d’AGFA débute en 1867, les 2 créateurs fondent une usine spécialisée dans la fabrication d’aniline et de colorants permettant la production de photographie, près de Berlin en Allemagne : Société par Actions pour la Fabrication de l'Aniline.

Agfa se forge rapidement une renommée internationale grâce à ses nombreuses innovations dans le domaine de la radiographie et de la photographie, avec notamment en 1932 la mise au point du premier film couleur Agfa Color pour l'industrie du cinéma, alors en plein essor.

La société Agfa poursuit son développement et établit dans divers pays, dont la France en 1929 à Carpentras. En 1965, l’entreprise AGFA fusionne avec Gevaert Photo Produit et Bayer. Le nouveau groupe renforce son offre par de multiples acquisitions dans l'industrie de l'image sous toutes ses formes.

Pourquoi une implantation à Pont-à-Marcq ?

Dans les années 1930, la France développe une politique économique protectionniste avec des droits d’importation dissuasifs. L’entreprise belge, GEVAERT photoproduit ne veut pas abandonner le marché français et cherche donc un site d’implantation en France. Il doit avoir les caractéristiques suivantes :

- Ne pas trop être éloigner de la frontière belge pour faciliter les contacts avec l’usine-mère de Mortsel-Anvers
- Être accessible par un axe routier
- Disposer d’une eau pure, indispensable à la fabrication de produits photographiques
- Un accord des autorités locales car déjà à l’époque la population est souvent réticente à l’installation d’une usine de produits chimique sur son sol.

Pont-à-Marcq réunit l’ensemble de ces critères.

La commune doit son importance à sa situation géographique sur l’axe LILLE-DOUAI, bien desservie par une route, le chemin de fer et la présence de sources d’eau de bonne qualité (4 forages dans l’usine pompaient dans la nappe de craie).  Enfin, Jules Perillat, maire de la commune accepte de vendre un terrain de 1,72 hectares à l’entreprise. La première pierre est posée le 9 décembre 1935.

Un site représentatif de l’évolution de l’architecture industrielle

Les bâtiments emblématiques du site sont aussi les plus anciens construits entre 1935 et 1937 : les bureaux, la centrale d’énergie, les appartements et la Coulée.

Le caractère monumental de ces édifices à vocation industrielle est un vecteur de communication sur la puissance de l’entreprise où domine le style ART DECO :

- Des façades pas uniquement fonctionnelle, mais se voulant attrayantes en mêlant différents matériaux 
- L’emploi de jeux de brique comme une trame décorative
- L’utilisation de fenêtres et moulures de formats différents pour créer des travées verticales et horizontales
- Les lignes de l’escalier extérieur de la coulée profilées « comme un train »

Les plans d’origine sont signés par l’architecte Lillois Réné Doutrelong très actif pendant la période de reconstruction après la 1er Guerre Mondiale. On lui doit de nombreux immeubles autour de la Gare Lille Flandres alliant Art Déco et Eclectisme régional.

D’autres vagues de constructions, agrandissements et transformations du site suivront à partir de 1947, jusqu’à la destruction du château d’eau en novembre 2011. Mais la construction de machines plus lourde et le développement de la logistique modifie l’architecture industrielle vers un étalement horizontal et uniquement fonctionnel.

Quelques dates :

1951 : Les bureaux sont agrandis d’un étage.
1965 : Construction d’un restaurant d’entreprise
1976 : Intégration d’un séchoir horizontal sur toute la longueur de la coulée reliant les 2 ailes
1985 : Construction d’un nouveau hall d’entrée reliant les bâtiments de l’administration aux appartements

Que fabriquait-on dans l’usine de Pont-à-Marcq ?

En 1937, l’usine fabrique des papiers et films photographiques amateurs. Mais aussi des produits révélateurs et des fixateurs. L’émulsion du papier photographique ou barytage demandait beaucoup d'eau.

La production s’est diversifiée avec la radiographie industrielle afin de vérifier les soudures des conduites de gaz et les films pour la photographie aérienne. Mais également la radiographie médicale, les films super 8, le papier d'agrandissement, les pellicules pour les photographes professionnels.

L’usine proposait aussi une activité de service. Lorsque que l’on achetait une pellicule Agfa, le développement était compris dans le prix. On déposait sa pellicule chez un photographe agréé, puis elle arrivait à Pont-à-Marcq pour être développée.

A partir des années 1970, le site développe une autre branche d’activité : la fabrication de produits de photocomposition pour l’impression des journaux et publicités. En 2002, L’usine devient mono-produit avec les plaques d’impression offset. Le produit star du site était la plaque offset « Lithostar » qui servait à imprimer le NEW YORK Times ou plus proche de nous, La Voix du Nord.

Une histoire industrielle liée à celle de la commune de Pont-à-Marcq

A la libération de la ville de Pont-à-Marcq en septembre 1944, les troupes allemandes sont présentes dans la ville et dans l’usine. Pour retarder l’avancée des alliés, ils utilisent le site pour se cacher alors que les Anglais, à la suite de mauvaises informations, fouillent le bois Choque. Après une longue bataille, la Garde Royale Britannique réussit à déloger les Allemands de la ville et de l’usine. Les soldats morts sont enterrés sur place, sous l’emplacement de l’actuel du restaurant. Ils seront déplacés peu avant la construction du restaurant en 1965.

Si en 1944, la production reprend avec un effectif de 214 salariés. C’est jusqu’à plus de 1000 personnes qui ont travaillés sur le site en regroupant les salariés, les intérimaires de l’été lors du pic d’activités et les salariés des entreprises sous-traitantes.

Depuis 1937, époque où il fallait présenter une lettre de M. le Curé pour être embaucher, plusieurs générations ou fratries ont parfois travaillés ensemble sur le site, créant ainsi une ambiance familiale dont parlent les anciens salariés.

Pour en savoir plus sur le futur quartier d’activité du site, découvrez la brochure "Pévèle Carembault aménage un quartier d'activités exemplaire !" 

 

Références

Cet article a été rédigé grâce aux témoignages et documents fournit par d’anciens salariés du site.

Tous nos remerciements à :

- M. Bernard Guettier
- M. Laurent Hivin
- M. Philippe Lubrez
- Mme Nathalie Orbik
- M. Eric Vander Plaeste

 

Vous aimerez aussi...

Nos autres sites